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La reproduction chez les apistogramma cacatuoides



L’apistogramma cacatuoides est une des variétés d’apistos les plus faciles à reproduire pour peu qu’elle ait des conditions de maintenance adaptée : eau moyennement douce à neutre, très peu de nitrates, nombreuses cachettes (racines creuses, noix de coco, pots de fleurs. Un bac spécifique est préférable mais il est courant d’avoir des pontes dans des aquariums communautaires. Il faudra alors isoler les alevins si on veut leur donner une chance de survivre.

Choix des parents
Le cacatuoides vit en harem. Il est donc préférable d’avoir 2 à 3 femelles pour un mâle, sauf si le bac est trop petit : un couple pour 50/60L, un trio pour 100L. S’il y a plusieurs femelles, il faut impérativement qu’elles puissent avoir des territoires distincts avec cachettes, racines, etc… sinon, les demoiselles se chamailleront sans cesse !

On essaiera de repérer dans le bac de vente un mâle et une femelle vigoureux, avec les nageoires bien déployées, et ayant tendance à se mettre à l’écart des autres. Les femelles « réceptives » prennent une couleur jaune vif avec des stries noires sur le ventre, alors que les autres sont plus grisâtres.

L’installation
Pour que les parents aient envie de se reproduire, il faut évidemment leur offrir les conditions de vie qu’ils apprécient : un aquarium bien planté, avec des cachettes (ils apprécient tout ce qui ressemble à une petite « grotte »), un sol de sable fin, des colocataires plutôt calmes et peuplant le milieu ou le haut de l’aquarium (les cacatuoides sont souvent près du sol et c’est là qu’ils pondent), une nourriture variée alternant vivant (artémias) et congelé, des changements d’eau fréquents et une eau moyennement douce à neutre.

La parade

Si toutes ces conditions sont réunies, vous assisterez rapidement à la parade : la femelle prête à pondre prend une couleur jaune vif caractéristique avec des stries noires sur le ventre. Vous la verrez s’affairer autour du lieu de ponte qu’elle aura choisi afin de le nettoyer et d’enlever tout ce qui pourrait la gêner (feuilles, petits escargots…). C’est elle qui viendra provoquer le mâle en prenant une position en arc de cercle et en lui montrant son flanc. Le mâle déploie alors ses nageoires au maximum, ouvre ses ouïes et il est pris de petits tremblements. Elle fera ensuite de fréquents allers-retours vers le lieu de ponte choisi afin d’inciter le mâle à la rejoindre.

La ponte

Lorsqu’ils seront prêts tous les deux, ils disparaîtront dans leur cachette. La femelle pond 60 à 80 œufs rose-orangés en les collant à la voûte de la cachette et le mâle les féconde immédiatement après chaque passage de la femelle. Cela peut durer une à deux heures. Lorsque la ponte est terminée, le mâle ressort et laisse la femelle s’occuper des œufs.

L’incubation
Pendant toute l’incubation des œufs, la femelle ne sortira de sa cachette que de façon très fugitive et ne s’alimentera que si la nourriture est à proximité immédiate. Le mâle s’occupe d’éloigner les éventuels prédateurs de la zone mais ne retournera pas dans la cachette.
Pendant environ 3 jours, la femelle s’occupe de ventiler et nettoyer les œufs en enlevant d’éventuels œufs non fécondés ou des escargots qui s’aventureraient. On a alors l’impression qu’elle gobe les œufs, mais pas d’inquiétude, c’est sa façon d’en prendre soin ! Au bout de 3 jours, enfin les œufs éclosent.

L’état larvaire
Une fois les œufs éclos, les larves tombent au sol, presque inertes. En observant bien, on pourra cependant les voir frétiller et parfois faire des petits sauts. La femelle se charge de les garder rassemblées en récupérant dans sa bouche celles qui s’éloigneraient et en les recrachant avec les autres. Cette période dure environ 5 jours pendant lesquels les larves n’auront besoin d’aucune nourriture car elles se nourrissent de leur sac vitellin.
Curieusement, cette période réveille souvent l’intérêt du mâle qui « aimerait bien participer » lui aussi. J’ai eu le cas d’un mâle « papa poule » qui avait volé une partie des larves pour les installer dans une cachette à lui, où il les surveillait assidûment !

La nage libre

Enfin, 5 jours après l’éclosion (8 jours après la ponte, donc), vous aurez la joie de voir la femelle sortir de sa cachette entourée par un nuage de minuscules alevins qu’elle protége comme une vraie tigresse ! Elle a raison car c’est la période de tous les dangers... C’est un spectacle dont on ne se lasse pas. Les jours passant, les alevins deviennent de plus en plus vifs et ont tendance à s’éloigner. On voit alors la femelle collecter dans sa bouche parfois 10-15 alevins pour les ramener avec le reste de la troupe ! Elle est infatigable et les promène partout dans le fond de l’aquarium pour leur montrer les coins où se nourrir. Le père veille aussi, mais à distance, bien qu’il participe aussi parfois à rassembler les alevins en les prenant dans sa bouche. Le soir venu (mon éclairage s’éteint progressivement), elle ramène tout le monde à l’abri dans la cachette et elle ne ressortira ses petits que le lendemain.

A 5 semaines


Pendant cette période, il est recommandé de cultiver des nauplies d’artémias que l’on injectera à proximité des alevins à l’aide d’un petit tuyau ou d’une seringue. On verra alors les alevins chasser leur premières proies, accompagnés par les parents, qui ne les dédaigneront pas non plus ces petites gâteries. Bien entendu, les chances de voir les alevins grandir dépendent beaucoup de la voracité des colocataires du bac et de la densité de la végétation. L’idéal est de maintenir le couple dans un bac spécifique où il n’y aura aucune prédation à craindre.

A 3 mois

Si c’est impossible, on peut également isoler dans un petit bac la femelle et ses œufs juste après la ponte. Pour cela, il faut que le support soit récupérable facilement (noix de coco, pot de fleur) et sans le sortir de l’eau. Le petit bac doit être rempli avec l’eau du grand bac et le support transporté dans l’eau du bac en le plaçant dans un récipient à l’intérieur du bac. La femelle sera capturée ensuite. En principe, elle reprendra la surveillance de la ponte, même après le déménagement…

L’autre solution est de siphonner les alevins avec un tuyau le plus tôt possible lorsqu’ils ont atteint le stade de la nage libre. Dans ce cas, on veillera à laisser quelques alevins à la femelle. Ensuite, on les installera dans un petit bac, toujours rempli avec l’eau du grand bac. Un petit bac de 20L avec un petit chauffage 25W fait très bien l’affaire. En changeant chaque jour 20% de l’eau, la filtration n’est même pas nécessaire.


En résumé, l’apistogramma cacatuoides est un beau petit poisson, au comportement passionnant, qui pourra être l’occasion, pour un aquariophile déjà averti, d’assister à ses premières naissances d’ovipares. Il offre aussi la possibilité d’assister à une véritable « garde parentale », phénomène assez rare chez les poissons (mais courant chez les cichlidés).

Nathalie Lecocq



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